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ARTICLE PARU EN 1992

28/03/2013 - Lu 783 fois
1900-1992: CI gît Asnan, village fantôme

 

CHRONIQUE DE LA MORT LENTE D'UN VILLAGE DE LA NIEVRE.

(Article paru dans le journal du centre en 1992)


 

1900-1992: ci-gît Asnan, village -fantôme


 

« Des 400 habitants, du début du siècle, il ne reste que deux agriculteurs et des touristes »


 

Des volets fermés par dizaines sur lesquels trônent, bien en vue des pancartes oranges ou jaunes aux lettres noires: « A vendre ». De vieilles maisons, anciennes fermes jadis pleines de vie, désormais abandonnées ou en ruine parce qu'inoccupées depuis trop longtemps. Asnan, petite bourgade du haut nivernais, littéralement coupée en deux partie par la départementale 34 qui file tout droit en direction de Clamecy, porte les stigmates profonds de la désertification qui frappe de plein fouet l'ensemble de cette région agricole.

TERRASSE PAR LE PROGRES. « Ici, se souvient avec un brin de nostalgie Pierre Ranvier, 71 ans, ancien maire du village, vivaient au début du siècle près de 400 habitants. Aujourd'hui, la commune ne compte guère plus de 140 habitants. Encore faut-il retrancher de ce chiffre un bon tiers de résidences secondaires des Parisiens la plupart du temps, qui ne vivent ici qu'à la belle saison ».

Ainsi,pendant soixante ans petit à petit, année après année, la bourgade a périclité. Terrassé par le progrès, l'attirance de la ville, l'exode rural, le mécanisme agricole, le village n'a pu résister. Dans les années 20, la commune compte encore 34 exploitations agricoles et plus de 300 habitants.

Les exploitations ne dépassent rarement 5 hectares. Cela suffit pour vivre, le commencement de la chute démographique coïncide avec la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Dès 1946, Asnan ne compte plus que 246 habitants. En quelques mois, 10 ouvriers agricole quittent la terre pour un emploi en ville, à l'usine, mieux payé.

MOUVEMENT ACCELERE. Au début des années 60, ils ne sont plus qu'une dizaine. Aujourd'hui; il n'en reste que deux; Henri Gouré et Jean-Louis Dusser sont en effet les deux seuls représentants du monde agricole à Asnan.

« Au début de ce siècle , rappelle Pierre Ranvier, il y avait un notaire, un charron et un maréchal -ferrant. Le notaire a disparu avec la guerre de 40. Le charron , qui s'appelait Edmond Couret, a arrêté son activité dans le milieu des années 50. Puis ce fut le tour du maréchal-ferrant Pierre Verrier, qui a fait de même deux ans plus tard. Ensuite, c'est le boulanger, René Guyot qui a pris sa retraite en 1959. Et, enfin l'un des trois cafetiers, Marcel pautigny, a arrêté également ses activités. Tous en fait ont travaillé jusqu'à leur mort et n'ont plus ensuite été remplacés ».

«  Le mouvement s'est accéléré, poursuit Mme Ranvier, l'ancienne institutrice du village dans les années 60. Avant la guerre, dit-elle, il y avait une grande école, une classe unique qui comptait une cinquantaine d'élèves. La plupart d'entre eux, dès la fin de la scolarité, à seize ans, sont aussitôt partis pour la ville, pour y travailler dans les boutiques ou dans les banques ».

Et aujourd'hui, si Asnan possède toujours une petite école, fréquentée seulement par une dizaine d'enfants, c'est grâce aux élus locaux qui ont procédé à un regroupement avec les communes avoisinantes. On a aussi réussi à préserver l'agence postale. On s’enorgueillit de constater que l’hémorragie démographique semble enfin enrayée, tout en reconnaissant qu' Asnan a échangé ses « vrais habitants » contre « des touristes ».